Vos témoignages et récits d'aventure:

Découvrez la richesse culturelle, spirituelle et engagée du monde équin mais aussi équestre, à travers webinaires, partages et histoire.

Certains parmi vous, ont pensé à partager avec nous leurs aventures culturelles équestres lors de leurs voyages. D'autres ont partagé leur regard sur la société à travers les yeux de leurs chevaux. Entre rencontres et découvertes, merci de nous faire voyager…

Le Pow Wow d'Alexandra

Merci à l’Artiste Equestre Alexandra Bergmans pour son témoignage du Pow Wow d’Albuquerque en 2022.

Voici son témoignage :

A Albuquerque, dans le Nouveau Mexique, aux Etats-Unis, a lieu chaque année depuis 35 ans le « Gathering of Nations » (le rassemblement des nations) présenté comme le plus grand Pow-Wow d’Amérique du Nord.

Y était annoncé une parade à cheval, qui me donna l’impulsion d’y assister.

En ouverture à la parade, un danseur est venu exécuter la « Horse Tail Dance ».

Puis vint le moment où chevaux et cavalier défilèrent.

Chacun avec sa touche personnelle dans cet univers bariolé.

Il y eut aussi quelques cavaliers en tenue de style cow-boy.

En fin de cortège la police montée est venue clôturer l’évènement.

N’étant pas une spécialiste avec les codes pour décoder, je préfère laisser à chacun son regard et sa curiosité.

Il semblerait qu’ici, aux États-Unis, chaque évènement soit sujet à compétition, chaque danse -et même une exposition d’art- ou comme ici la parade, est jugé, avec des gains à la clé, loin d’être insignifiants, très loin même, mais je n’ai aucune idée de qui furent les finalistes, n’ayant pu assister le deuxième jour à cette même parade pour des raisons hors de ma volonté.

Merci à Jérémia Diallo de partager avec nous son incroyable aventure avec les Cavaliers Mossi du Burkina Faso

Jérémia est médiatrice animalière et voyageuse. Voici son récit:

« Les sabots de la Terre Mossi » ou expérience fabuleuse chez les descendants de la princesse Yennenga

Je les entends..ces doux clapotis des sabots que je connais tant … un cheval, oui un cheval vient…mais ? Je suis en pleine ville de Ouagadougou, il est 1h du matin, je rentre d’un spectacle au centre culturel français…

Pourtant ce bruit est bien connu de mes oreilles, je me retourne et il est là, dans la nuit, venant vers moi, portant un cavalier sur son dos…

Cette image, comme bien d’autres sont gravées dans mon esprit, mon corps et mon cœur.

Ma première rencontre avec les cavaliers Mossis, les guerriers Mandingues, les descendants de la Princesse Yennenga.

Il s’appelle Manou et deviendra mon guide, mon ami, mon passionnant instructeur au pays des chevaux du Burkina Faso.

Ce pays qui m’a déjà accueillie plusieurs fois, ce pays qui plus tard deviendra ma deuxième nationalité, par mon mariage à un de ces enfants et la naissance de mes deux princesses « Yennenga ».

Mon histoire au Pays des Hommes Intègres est grande, fournie de mille anecdotes et rencontres, tant de partages, tant d’enseignements que je partage aujourd’hui, de la manière dont je le peux, un petit échantillon de sensations, d‘apprentissages, d’émotions, de souvenirs gravés à jamais.

Nul besoin de dire qui ils sont, ils le font très bien eux même, nul besoin de décortiquer leurs pratiques ou leurs rituels, les vivre me suffit, par contre partager ce que j’ai vécus dans ma chair et dans mon cœur cela je le peux.

Lorsqu’à une heure du matin, sur la grande place Navencourma, ce cavalier me propose de me ramener chez moi…je crois à un rêve. En moi tout se bouscule mais je n’y résiste pas, je dis oui ! Quelle aventure, quelle rencontre sortie de la nuit, me pousse ainsi à faire de mon voyage un de ces moments inoubliables de l’existence !

Me voilà assise derrière lui, sur la croupe du cheval, trottinant sur le goudron, la mélodie des sabots dans mes oreilles, résonnant comme la musique d’un film, le film de ma vie.

Heureuse, émue et passionnée est ma vie à cet instant.

Je suis raccompagnée par un cavalier Mossi !!!

Rencontre faite, bien entendu, on ne pouvait en rester là, je ne suis pas du genre …

Reconnaissante de son geste, et de cette expérience nocturne qu’il m’avait offerte, nous décidons de nous revoir dès le lendemain.

Je passe la matinée à me demander si j’ai rêvé…

Et puis je les entends, les sifflements stridents, les sifflets, le bruit des sabots, les enfants qui crient sur leur passage…ils arrivent !! Et il viennent dans mon 6 mètres ( ma rue !), ils viennent me chercher !!!! Et ce n’est pas un , ni deux cavaliers, mais 5 chevaux qui débarquent devant ma maison !

Oui j’étais troublée, oui j’étais extasiée, oui j’étais honorée, et mon petit rêve ne faisait que commencer !

Les salutations officielles faites, on me propose un doux cheval pour partir dans la ville ;

Accepté ! j’aime quand la vie me propose ce que je n’ai pas osé espérer !

« Yennenga, Yennenga! », combien de fois ce très bel attribut m’a été donné lors de nos cavalcades en Ouagadougou, dans les différents quartiers de cette capitale que j’ai appris à connaître à cheval.

Non bien-sûr je ne ressemble pas à la Princesse du Peuple Mossi, mais je suis une femme qui monte à cheval, et en cette année 2009, ce n’est pas courant !

Les cavaliers sont prioritaires sur les voitures et autres véhicules à moteur, ce n’est pas rien d’être un cavaliers Mossi !

Coup de sifflet pour annoncer notre passage, les voitures s’arrêtent… nous traversons, je me rends compte de leur place, de leur notoriété.

Les cris des enfants, les salutations des vieux, et tous ces rires et acclamations à notre passage : qu’il est doux ce rêve éveillé, qu’il est doux de m’incruster parmi ce peuple de cavaliers, moi qui n’en suis pas une et que l’on a acceptée , invitée à partager leur quotidien …. merci…gratitude.

J’ai mal aux fesses, des blessures de frottement que les cavaliers qui ne montent pas souvent peuvent connaître. Il fait chaud et mes blessures ne se soignent pas facilement, mais je ne peux pas m’arrêter…chaque jours je repars à l’aventure. Manou et sa famille, les chevaux, deviennent un quotidien, nos discussions et nos échanges sont passionnants. J’en apprend plus chaque jour et j’adore.

 

Se mettre debout sur le cheval , je l’avais déjà fait, enfant, adolescente avec mon oncle ce « fou » de la vie et des chevaux, mais là j’ai un pied sur chaque cheval ! Manou et leYou m’en pense capable, alors je le tente !

Je suis soutenue par les cavaliers, on rit, on rit beaucoup en Afrique, j’adore cela. Et là, à cheval, où assis à boire le thé avec nos chevaux, nous rions encore.

Pourtant la réalité n’est pas que drôle, nos discussions nous emmènent sur les chemins des difficultés du quotidien, nourrir les chevaux, les soigner, se procurer du matériel adapté…

Je connais déjà la réalité de la vie ici, et la lourdeur du quotidien sans le sou… Je ne peux que prendre en considération ce que veux dire être gardien d’un animal, qui plus est un Cheval, ici, au Burkina.

Je connais la réalité des peuples nomades, qui vivent de leur troupeau, les suivant au grés des pâturages, mangeant leur viande, buvant leur lait…les troupeaux de chevaux en Mongolie par exemple, mais ici ce n’est pas cela; Le cheval est un compagnon sacré, un partenaire de l’Histoire du pays, il a une place particulière et ce n’est pas tout le monde qui peut en être l’ami et le gardien. La symbolique est forte et me touche profondément.

Puis vient le jour où l’on me dit, tu vas venir avec nous à la sortie du Naaba…

Cette phrase résonne en moi, j’ai peur, bourdonnement dans mes oreilles, échauffement dans mon corps, petit tremblement, je ne peux pas refuser, mais je ne me sens pas à la hauteur ! Que va t il se passer si je ne suis pas à la hauteur, que dois je faire d’ailleurs ? Et moi qui ne suis pas une cavalière noire, on va me regarder et me juger !!!

Oh là là c’est la panique à bord de mon corps et de mon esprit. Manou me calme : « tu es avec nous et si je te le propose c’est que tu es capable. Ce sera un honneur pour le Naaba ne t’inquiètes pas. »

Ah ! c’est surtout un honneur pour moi !!!!!

C’est le grand jour, le Naaba va sortir pour honorer la fête du quartier ; nous avons les tee shirts pour l’occasion, je n’ai pas bien dormi la nuit …

Et puis c’est parti, comme souvent dans mes voyages et mes rencontres, ma vie me l’a montré j’ai peur et puis j’avance je me lance, et la peur disparaît laissant place à l’expérience.

« tu dois rester placée à droite de la voiture du Chef, fais attention de bien rester à ta place, nous sommes la garde à cheval du chef traditionnel » , oulala…oui oui oui…j’ai peur que mon cheval ressente ma pression, j’ai peur qu’il ne veuille pas faire ce que je dois lui faire faire…ça y est j’ai de nouveau peur, les mains moites, le cœur qui bat la chamade…et la voiture sort.

Les djembés, les chants des femmes, les bruit des chevaux, les sifflets des cavaliers…cela est allé si vite, je suis emportée dans un tourbillon d’émotions, de bonheur,de fierté. C’est très bon, je profite, et mon cheval est d’accord avec tout ça, il fait le «job» ce n’est pas moi…

Je ne peux retranscrire tout, bien entendu, et j’en garde un peu pour moi aussi, entre rêve et réalité, ces moments furent pour moi INITIATIQUES. Je suis transportée dans une histoire longue de plusieurs millénaires, dans une histoire africaine celle que je recherche depuis tant d’années dans mes voyages et mes rencontres sur ce continent, dans ce temps qui s’arrête, dans cette relation Homme Animal qui honore les chefs …J’ai le grand honneur de ressentir toute l’histoire de la Princesse de Yennenga , du Royaume de Dagomba, et du peuple Mossi .

Il est l’heure des au revoir, quatre mois que je suis sur le continent de mon cœur, celui qui m’accueillent depuis plusieurs années à sa découverte…Je suis remplie de tristesse comme à chaque fois, et je ne pense qu’a ma prochaine venue …Manou et les cavaliers me l’on dit la veille, mais je n’arrive pas a y croire. Pourtant je vais le vivre.

Les cavaliers, mes amis, viendront me chercher et m’emmèneront à l’aéroport à cheval !!!!!

Décidement les honneurs qu’ils me font sont immenses. Je ne sais comment dire merci. Je pleure de douces larmes d’émotions à leur venue, je n’arrive pas à y croire.

Nous traversons la ville une dernière fois ensemble et mon arrivée à l’aéroport est totalement INSOLITE.

Je respire une dernière fois l’odeur de la terre chaude du Burkina Faso foulée par les sabots des chevaux Mandingues, mon regard se pose sur ces miles détails que je n’ai pas toujours pris le temps de regarder comme pour ne rien oublier, comme pour tout graver. Je reviendrai, plusieurs fois même, mais cette première sera toujours celle de la saveur du bonheur.

Honorée, honorable, et extrêmement reconnaissante je le suis encore lorsque je pense à eux, lorsque je regarde mon parcours avec les chevaux, lorsque je me remémore mes apprentissages au contact des peuples cavaliers que j’ai rencontrés, lorsque mes yeux se pose sur une photo, sur un petit cheval de bronze sur mon étagère, sur mes deux filles, sur un drapeau du Burkina Faso , sur mes partenaires chevaux qui me rappellent que nous sommes tous connectés à jamais.

Merci LE continent Africain et ses Peuples, merci le Burkina Faso, merci les cavaliers Mossi et bien d’autres et merci les Chevaux… »

MERCI À TOI JEREMIA POUR CE PARTAGE.

Retrouvez Jérémia Diallo sur son site: Waponi | Médiation animale Ardèche

La Jument et la Femme: La Souveraineté du Corps

A quel moment devenons nous pour Elles, « Prédatrices » sans nous en rendre compte… Que nous enseignent les juments sur la relation que l on entretien avec notre propre féminité en nous mais aussi pour le monde…?
Qu est ce qui forge le fruit de nos exigences au point d en oublier la sororité interespèce et de nous plonger dans les abîmes de la projection d une volonté non consentie à ce moment là. A quel moment oublions nous d être Femmes face à Elles?
« La victoire serait acquise s il était possible que toutes les femmes du monde se donnent la main, si leur association pouvait ne pas être celle de la cavalière et de la jument, si le prétendu universalisme de certaines ne venait reconduire la domination. » Léonora Miano _ L autre langue des femmes.
 
Dans l’esprit du partage de Sabrina Equinoctis, je vous invite à découvrir mon point de vue en tant que Femme Noire, dite Racisé, sur un monde qui aujourd’hui s’affranchi de plus en plus des chaines de la colonnisation pour apporter son point de vue sur l’histoire et la société:

Folie et moi tentons d’apporter un autre regard sur le monde, l’ésthétique et le regard que l’on porte sur l’Autre, celui qui ne nous ressemble pas.

Merci à Sylvain d’avoir pensé à nous lors de son voyage au sein de la Nation Navajo en 2022.

Selon les Peuples Autochtones d’Amérique, les chevaux cheminaient avec eux bien avant l’arrivée des conquistadores. Il est important pour eux de faire valoir cette vérité afin de mieux protéger la survie de ces chevaux, menacée par le développement économique et agricole américain.

Retrouvez nos travaux de traduction de la thèse du Dr Yvette Running Horse Collin: Les Relations entre les Peuples Autochtones des Amérique et le cheval: Déconstruire un Mythe Eurocentrique,

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